MILLESIME PARTI EN VRILLE !
En 2020 et 2021 j’ai vraiment vécu la déferlante de l’ingéniosité du vivant ! Chaque fois que je travaillais dans les vignes j’étais fasciné par les vrilles que déploie cette plante pour se hisser vers la lumière, lancer des capteurs sensibles vers les fils de fer, les poteaux, vers nous aussi….Plus de 700 capteurs sensoriels ont été recensés chez les plantes, et ce sont des êtres hypersensibles et très informés !
L’intérêt pour le vivant dans ma recherche plastique m’a orientée très vite, je les cotoient tout le temps, vers les vrilles des vignes, ces extrémités spécialisées qui permettent à la plante de s’accrocher, de s’adapter en permanence au milieu, d’interagir avec les voisines, de créer des connexions comme les esperluettes dans la langue écrite. Durant l’hiver cette partie de la vigne se lignifie, devient très dure et résistante et fige toutes les formes fascinantes d’une année de croissance. La vigne est une grande liane qui fini par vous enlacer si vous restez statique…
J’ai commencé par collecter les vrilles, en repérant les plus créatives, j’ai étudié leur formes, puis je les ais monté sur des broches en argent recyclé. Au printemps suivant j’ai placé des boucles d’oreilles directement dans les vignes pour inciter à une co-création avec elles. Pour des raisons non explicables elle ont accepté certains bijoux et pas d’autres, se sont approchées puis éloignées. J’ai réuni ces deux approches pour créer le millésime 2021
La vrille permet à certaines plantes (haricot, clématite, bryone) de s’accrocher à des supports et dès qu’elle entre en contact avec un objet pendant un temps suffisant, elle s’enroule autour de lui formant un point fort aidant à soutenir la tige en croissance. Pour la vigne elles aident la plante à aller vers la lumière mais elle peuvent aussi et très rapidement transformer une rangée de vigne en jungle impénétrable car elle se connectent aux voisines en face…Les vrilles peuvent être « droitières » si le tour se fait dans la direction des aiguilles d’une montre , ou « gauchères », dans la direction opposée. Darwin a inventé le mot de circummutation en 1865 pour décrire le mouvement d’hélice qu’effectue la vrille pour trouver son support. La passiflore par ex peut faire une vrille en révolution complète en environ 43 minutes à 32 °C !
Au microscope c’est tout un monde qui se révèle puisque la répartition des cellules est différente dans la courbure et l’on pense à des récepteurs stimulés par un contact extérieur…il y a semble t’il encore beaucoup de secrets à découvrir. Et si le toucher, l’odorat, et l’ouïe étaient autant d’informations sensitives précieuses pour les plantes ? la vrille semble être l’un des symptômes de l’adaptation constante des plantes à leur milieu et de leurs interactions avec les voisines. A ce jour on a recensé au moins 700 sortes de capteurs sensoriels chez les plantes : mécanique, chimique, lumineux, thermique…ce qui en fait des êtres hypersensibles et très informés ! Raison de plus pour les jus issus des raisins soit accompagnés le plus naturellement possible.